Le piratage n'est pas nouveau je vous l'accorde, mais celui-ci est en nette augmentation depuis ces deux dernières années, et notamment depuis ces quelques derniers mois. La question qui se pose actuellement est de savoir pourquoi il y a autant de piratage de jeux. A cette question, Charles Cecil, personnage influent du studio Revolution Software (en collaboration avec THQ et à l'origine notamment de la série de jeux Les Chevaliers de Baphomet) :
Personnellement, je pense que le niveau de piratage actuel est une façon naturelle de se retourner et dire que les jeux sont trop chers et que la façon dont ils sont distribués n'est pas idéale.
La première réponse, et celle qui parait la plus à même d'éluder la question, est en effet issue d'un aspect économique. Pirater, c'est surtout pour éviter de passer à la caisse et de vider son porte monnaie pour l'équivalent d'un film interactif. Parce qu'un jeu-vidéo c'est un peu comme un DVD (ou un Blu-Ray pour les plus contemporains de nous). Il s'agit d'une oeuvre que l'on s'est procuré pour la rejouer autant de fois que désiré. Cependant, le prix n'est pas le même : un film vous coûtera en général 2 à 3 fois moins cher qu'un jeu. Pourtant, les coûts de développement, de lancement, et tous ceux tournant autour de la création d'un jeu sont largement moins importants que ceux nécessités par un film.
Vous devez en ce moment me prendre pour un fou. Mais, sachez qu'un jeu prend autant de temps (et encore pas toujours) et moins d'argent qu'un film à créer ! Et au final, vous allongez en moyenne 3 fois plus d'argent que pour l'achat d'un DVD ! Pour vous donner un exemple, le film Titanic de James Cameron a coûté 200 millions de dollars, soit autant que Call Of Duty Modern Warfare 2. Au final, Call Of Duty vous aura coûté 70€ quand Titanic vous en aurait coûté en moyenne 20€ (ou peut-être 30€ s'il sortait aujourd'hui en blu-ray). La différence, c'est qu'à créer au sens strict du terme, Modern Warfare 2 n'a coûté en réalité que 20 millions de dollars... Le reste est le résultat d'une politique marketing acharnée.
Et c'est là que le problème se pose : Comment éviter le piratage quand une industrie entière donne la sensation de vouloir s'en mettre plein les poches ? A peine parle t-on du jeu-vidéo comme d'un art - notamment en le rapprochant de la vision que nous avons du cinéma - que celui-ci se transforme en machine à sous ! Call Of Duty, Battlefield, FIFA, PES (le pire ! Payé 70€ pour un jeu incomplet au niveau des licences !), et j'en passe !
La raison du piratage est effectivement avant tout économique. Mais n'oublions pas que "la façon dont ils sont distribués n'est pas idéale". Cette façon, c'est peut-être celle consistant à faire passer ce qui devrait rester avant tout un art, et la possibilité accrue de faire pénétrer un individu dans un monde issu d'une vision personnelle et originale, pour un produit comme un autre dans un système commercial basique et fondé sur l'argent. Voilà sûrement ce qui nuit au jeu-vidéo et profite au piratage : un prix démesuré, qui n'est pas justifié par ceux qui le produisent. Faire payer le consommateur pour un produit que l'on considérerait comme un chef-d'oeuvre, pas encore, - et la preuve en est que cela fonctionne, regardez Avatar ! - mais lorsqu'on lui fait clairement comprendre que ce produit n'est en fait qu'un appât comme un autre pour le mouton qu'il, une fois de plus, est... Les jeux trop proches les uns des autres, trop ressemblants, trop incomplets, les DLC à un prix incroyable pour du véritable réchauffé, des publicités in-game sans incidence sur le prix, voilà ce qu'est cette distribution ratée.
Un jour peut-être le prix des jeux-vidéo baissera et sera de nouveau en accord avec le rang qu'ils ont trop souvent aujourd'hui, celui de produits commerciaux. Ou alors, les développeurs, et surtout les éditeurs prendront conscience qu'ils doivent se pencher encore plus sur leurs oeuvres pour justifier leur prix de vente. Malheureusement, ni l'un ni l'autre ne semble vouloir prendre les devants actuellement, et c'est bien dommage. A vrai dire, à la vitesse où le piratage se développe et croît, les jeux "gratuits" vont inonder encore plus le marché, et à ce moment les acteurs de celui-ci pourront continuer de taper sur les doigts du consommateur car il n'en sera rien... Ce sont ces premiers qui perdront de l'argent quand ce dernier rigolera bien, un disque franchement sorti de son graveur à la main...