Le prix exorbitant de la console masque presque tous les autres problèmes, pourtant loin d'être négligeables. Sony rate une occasion en Or de reconquérir une grande partie de son public en fixant un prix digne d'un smartphone haut de gamme pour une console de salon. Mais ce n'est pas tout, c'est aussi une occasion manquée pour eux de s'adapter aux transformations du marché, et Dieu sait qu'il bouge !
Proposer une nouvelle fois un quasi-PC, uniquement capable d'offrir plus de graphismes en Ray-Tracing Ultra à 120 FPS avec de la technologie High-Poly-Full-Pixeling Machin-Truc™, à une époque où les attentes du grand public et des joueurs ont évolué, semble déconnecté des réalités actuelles.
La Switch en 2017, le retour en force des configurations gaming pendant la crise COVID, et l'arrivée du Steam Deck, tout ça a opéré une évolution dans le paysage du jeu vidéo. Paradoxalement, cette modernisation a aussi ouvert la porte à d'autres opportunités : le jeu indépendant, le rétrogaming, les jeux "portables" sur lesquels on peut s'investir durant les 15 minutes d'un trajet en métro... Les joueurs ne recherchent pas uniquement l'ultime expérience AAA, ils veulent avant tout du FUN, et parmi les "big three", seul Nintendo a fait montre d'une très bonne compréhension de ces nouveaux enjeux. Sony aurait pourtant pu le comprendre facilement, en consultant les statistiques d'achat et de téléchargement des jeux "old-school" sur le PSN.
Cette évolution profite aux joueurs, mais aussi aux éditeurs qui peinent à suivre avec les devkits de dernière génération, et qui s'épanouissent bien mieux ailleurs. Il est plus difficile pour un artiste de commencer une œuvre sur une toile de 1000x1000 que sur une feuille en coin de table... Les devkits actuels sont si complexes qu'ils exigent une expertise considérable pour être exploités pleinement. Ironiquement, l'absence de limitations bride l'imagination plus qu'elle ne la libère.
Même en se concentrant sur les fameux AAA censés tirer pleinement parti de la console, combien de véritables exclusivités PS5 avons-nous ? 11 titres. Le reste est disponible sur PS4 Pro et/ou sur PC. Où est donc la valeur ajoutée ? Et parmi ces jeux, combien de joueurs ont réellement vécu l'expérience en 4k60 ? Même dans ces rares cas, le 60 FPS n'est pas constant, ce qui est compréhensible et loin d'être dramatique ! Quand on voit qu'une partie d'une présentation s'attardait sur les textures d'arrière-plan d'un jeu vieux de deux ans, la métaphore est flagrante : Sony ne regarde pas dans la bonne direction.
Je suis convaincu que le grand public, tout comme les joueurs plus expérimentés (les membres de LS quoi), cherchent avant tout a passer un bon moment devant leur console. Peu de personnes ont un niveau d'exigence que la PS5 Pro tente de satisfaire. Et pour celles qui l'ont, le PC restera toujours en avance : modularité, optimisations, coûts...
J'aurais aimé voir Sony s'adresser directement aux joueurs et aux développeurs en proposant une console recentrée sur le gameplay, l'expérience utilisateur, et l'ouverture à la modernité. Un devkit qui inspire les jeunes programmeurs, leur donnant envie de créer leur premier jeu indépendant avec un moteur 3D capable de faire rêver.
Qu'il s'agisse de Microsoft qui nous fait l'affront de proposer une Series X SANS lecteur alors que leur branche est en crise, ou Sony qui vise l'élitisme en ayant pourtant réussi à percer le marché avec des consoles "du peuple" (PS1 et PS2), je me demande vraiment si ils ont conscience qu'ils ne font que s'éloigner de leur public.
Modifié par dotmehdi, 12 septembre 2024 - 10:31.